Les Terres de la famille Desage
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Le retour du vassal

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Message par Ayena Dim 16 Juin 2013 - 17:35

Ayena tira sur l'aiguille, fit un nœud et observa son ouvrage d'un oeil critique, retournant le mouchoir plusieurs fois pour voir ce que rendait la broderie de face et de dos. Ma foy, cela lui plut : les initiales de son fils, brodées de fils d'or, rendait merveilleusement bien. Elle coupa le fil, posa le nécessaire sur le guéridon à côté d'elle et se tira difficilement du fauteuil où elle croupissait pour aller se pencher au dessus d'un berceau.

- Voici vos armes, mon fils. Et ne vous avisez pas de perdre vos emblèmes, votre mère ne recommencera pas cela tous les jours.

Parler à un enfant qui ne pouvait encore répondre était un des passe-temps de la Baronne, qui commençait à tourner asociale. Cela n'était pas pour lui déplaire : la routine a des avantages dont le fait de rassurer ceux qui s'y complaisent. Madrien, qui dormait, avait bien grandit déjà : c'est qu'il avait près d'une demie année déjà. Gaga, Ayena sourit puis s'étira telle une chatte, mais non gracieusement : elle réduisait à présent sa façon d'être et de vivre à la simple utilité ndu basique, se soumettant au rythme de vie et aux envies d'un nourrisson. 

Comme on la savait fragile, un valet dépêché par la garde arriva en soufflant :

- Donà, donà ! Un visiteur !

Un petit signe de la main comme pour balayer ces balivernes. Puis, constatant que le jeune homme a l'air sérieux, elle en demande plus, d'un regard : Ayena a toujours su se faire comprendre d'un regard.

- De Bois Hardi !

Elle porte la main à sa gorge nue et soupire d'aise :

- Par Aristote, enfin ! Faites monter de quoi prendre un bon encas. Et du vin. Le meilleur. 

Le valet s'en va aussi vite qu'il est venu. Et Ayena, souriante, va se poster près d'une fenêtre pour voir si elle peut surprendre son vassal.
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Message par Fool.deboishardy Dim 16 Juin 2013 - 18:57

L'écuyer pénétra dans la cour et tira sur les rênes. La docile monture s'arrêta sur le champs. Fool en descendit quelque peu maladroitement. Il n'était pas encore habitué à descendre ou monter avec une seule main.

Il mena Bélénos à l'écurie; où il le confia au bon soin d'un garçon d'écurie.

Tiens mon garçon. Si tu t'occupes de ma monture comme il faut, bien nourrie et brossée, tu auras un écu.

Le cheval avait fait de nombreuses lieux depuis des mois et méritait des soins attentionnés.

Rassuré pour sa monture, il partit vers la cours et le bâtiment principal, le paquet à la main. Il s'arrêta au bout de quelques pas, et vérifia sa mise. Certes il avait fait une halte de quelques heures sur son domaine. En fait le temps que de se laver, changer de tenue et de faire brûler les hardes qu'étaient devenus ses vêtements de voyages. La chevauchée jusqu'à Crussol ne l'avait pas trop crotté. Quelques tâches de boue maculaient ses bottes. Il les essuya dans la pailles. Satisfait, il se dirigea vers la grande salle.

Il se posait moultes questions. Les choses avaient du changer énormément durant son absence. D'ailleurs la missive qu'il avait reçu en Bourgogne le lui laissait présager. Et puis surtout il se préoccupait de la situation de sa "suzeraine" et du fils d'Adrien. comment le petit Madrien avait grandit? Comment Ayena vivait-elle depuis la fin de son veuvage?
Il attendait réponses à ces questions pour être rassuré qu'il n'avait pas faillit une nouvelle fois.


Il grimpa les marches de l'étroit escalier et frappa à la porte de la grande salle.
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Message par Ayena Mer 26 Juin 2013 - 8:00

Malheureusement pour la Baronessa, sa fenêtre ne permettait pas de surveiller les ouailles dans la cour. Un angle mort terrible, surtout lorsque l'on est impatient de retrouver une personne que l'on n'a pas vu depuis tant de temps. Elle serra compulsivement les mains, dans un signe de tension : si Fool revenait c'est qu'il était en bonne santé et que la guerre ne l'avait point trop estropié. Dans un sursaut de culpabilité, elle remarqua qu'elle ne se souvenait point contre qui, pour quoi il s'était engagé avec la Licorne dans de dangereux combats : se tenir éloigné du monde avait ses défauts. On perdait pied avec la réalité et les affres politiques échappaient vite, trop vite.

On frappa. Aussi précipitamment que le lui permettait sa douleur aiguë à la hanche, Ayena alla ouvrir elle même.

C'est une femme jeune mais prématurément rendue trop mure qui se présenta alors à son vassal. Elle avait le teint pâle de celles qui ne sont pas sorties au grand jour depuis des lustres, mais l’œil resté vif par l'exercice de la lecture, de la couture ou de l'observation fébrile par la fenêtre pour guetter d'éventuelles visites, pourtant improbables. Les cheveux tirés en arrière n'étaient pas couverts comme d’antan : Ayena avait réalisé il y avait peu que veuve et avec un enfant, il n'était plus indécent de se montrer tête nue. Cela laissait donc à l'air libre une masse sombre et brillante, qui avait vraisemblablement été domestiquée avec difficulté. Mais le résultat était là : sans doute cette liberté offerte aux cheveux laissés visibles donnait un air bien plus féminin à la jeune femme. Une féminité inconsciente, sous-jacente, d'autant plus perceptible par qui avait connu Ayena "avant". Le corps était couvert d'une tenue simple qui soulignait les formes maternelles : visiblement, la présence de Madrien avait induit un épanouissement chez la mère dont les hanches et la poitrine avait profité.
Elle offrit un regard étonné à Fool, qu'elle n'avait pas vu depuis presque une demie année. Elle lui indiqua d'entrer et referma la porte derrière lui.
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Message par Fool.deboishardy Mer 26 Juin 2013 - 19:59

Même le plus endurci soldat peut parfois se faire surprendre. Il attend un ennemi qu’il espère depuis longtemps. Il se l’imagine chaque jour avec moult détail. Il le connaît. Le jour de la bataille, au paroxysme de son attente, et des plans de batailles plein la tête, le soldat voit venir vers lui, au lieu du géant assoiffé de sang attendu et qu’il était tout prêt à assaillir, un petit homme ordinaire, que pourtant, contre toute attente, il ne pourra défaire. C’est le mauvais côté d’une préparation trop grande à une attente trop précise.

C’est bien ce qui arriva à l’écuyer. Il avait laissé une jeune suzeraine dans le deuil et sortant de couche. Et il était parti en campagne avec cette image. Il n’avait connu, en fait, Ayena qu’en deuil et enceinte. Or le voilà,  contre toute attente dans l’huis de la porte, face à cette jeune femme en pleine santé qui avait abandonné les vêtements de grossesse et de deuil. Il lui fallut quelques secondes pour reconnaître sa suzeraine. Il ne sut que dire sur l’instant. Le contraste était trop saisissant entre celle qu’il avait laissée à la fin de l’année dernière et cette nouvelle personne face à lui aujourd’hui.

Elle lui fit signe d’entrer. Il obtempéra sans mots dire. Le bruit de la porte le sortit de sa torpeur. Il prit quelques secondes pour dévisager Ayena, s’assurant qu’elle se portait bien. De toute évidence elle en fit autant. Quelle image devait-il donner ? Fatigué? vieilli sans doute? une vie de bataille, de privations, de maladie devait marquer son homme, et diminué? Il avait machinalement glissé le paquet sous son bras gauche pour se libérer la main droite, mais cette posture avait l’inconvénient de ne plus cacher, dans les plis de son mantel, son bras amputé à l’extrémité. Dès qu’il en eut conscience, il ramena vivement la cape grise sur lui. Il fut rassuré par son « inspection » de sa suzeraine. Il chercha du regard le petit Madrien. L’enfant était là un peu plus loin. Il ne put réprimer un sourire de soulagement. Aucun nouveau malheur n’était survenu durant son absence. Dans le cas contraire, une fois de plus, il se serait dit maudit.

Le licorneux prit l’initiative de la parole. S’il n’était pas un bavard, le silence entre deux personnes le mettait mal à l’aise. Il opta pour un salut respectueux, il n’en pouvait être autrement, sans être trop formel. Il pensait que si Ayena eût voulu une rencontre officielle, elle ne lui aurait sans doute pas ouvert la porte elle-même. Au plaisir d’Ayena de formaliser ou d’informaliser la rencontre.


Je vous présente mes très respectueux hommages, Baronne. Me voilà à vous après une très longue campagne durant laquelle, je l’espère, ma présence ne vous aura point fait défaut.

Il se sentait malgré tout bien gauche face à cette jeune femme. La bataille était bien mal engagée.
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Message par Ayena Jeu 27 Juin 2013 - 9:06

Contrairement à ce que l'on pense, il existe plusieurs types de silence. Celui qui s'offrait ici une belle part d'existence était un silence de questionnement où deux personnes dardent sur l'autre un regard interrogateur, plein de questions, attendant qu'une parole viennent briser cet instant formel et à la tension palpable. Comme le moment de se jauger, de vérifier que Fool est bien Fool, qu'Ayena est bien Ayena... Pour finalement s'apercevoir que les deux ont changé et que le passé a creusé des rides, des blessures, des amputations qui sont parfois visibles, d'autres fois non.

C'est le vassal qui le premier prend la parole. Ayena penche la tête de côté, non habituée à se faire appeler Baronne. Fool est fidèle à lui même : plein de tact et de courtoisie, sachant questionner sans en avoir l'air. Le temps de se familiariser à nouveau avec ce son de voix, qui laisse supposer une fatigue ou une lassitude, et Ayena sourit. De ce genre de sourires émus qui prouvent un soulagement, une espérance comblée et que l'on trouve sur les visages des soeurs qui retrouvent un frère après une longue séparation, sur ceux des jeunes femmes qui retrouvent un ami.


- Votre présence nous fera toujours défaut, Senhor De Bois Hardi.

Seulement, ce n'était pont d'une entrevue guindée et superficielle dont avait besoin Ayena. Et il n'y avait aucun public dans cette pièce, sinon Madrien, qui, Dieu l'en préserve, n'avait pas encore de capacité à se souvenir de tout. Alors, gauchement parce qu'elle n'en avait point l'habitude, mais sincèrement parce que cela lui paraissait naturel entre eux, Ayena s'avança et alla enserrer son vassal, telle une suzeraine qui renouvelle une accolade, mais avec plus de familiarité que de coutume. Oh, cela ne dura pas le temps d'une respiration, Ayena était trop réservée ou trop prude pour s'accorder un contact long qui aurait été gênant, tant pour elle que pour lui.

Et pour assurer que les retrouvailles ne devaient point prendre un tour gourmé, Ayena renouvela ses dires plus familièrement :


- Vous m'avez manqué, Fool.

Nouveau sourire. Puis, elle l'invite d'un geste à aller prendre place à côté du berceau où se trouvent quelques fauteuils.

- Comment allez vous ?

La question était volontairement ouverte pour qu'il puisse dire le nécessaire, taire ce qui le dérangeait... En soit, pour entamer une conversation sans mettre les pieds dans le plats tout de suite : Ayena, en étudiante médecin, avait bien remarqué que les mouvements de son vassal étaient compliqués au niveau du bras droit.
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Message par Fool.deboishardy Jeu 27 Juin 2013 - 12:27

Fool fut surpris de l’enserrement de la jeune femme. Là encore il ne s’y attendait pas. Mais la surprise passé, il fut soulagé par l’attitude de la jeune femme. Au moins elle faisait le nécessaire pour le mettre à l’aise. Il lui en fut reconnaissant silencieusement. Un sourire.

Installé près du berceau, il regarda plus longuement le bébé s’agiter au fonds de son berceau et dévisager cette nouvelle tête apparue dans son monde. Fool n’insista pas et se retira doucement du champ de vision de l’enfant. Il ne voulait pas l’effrayer avec son visage d’écorcheur. Il revint à son hôtesse.


Je vais aussi bien qu’un soldat rentrant d’une longue et difficile campagne. Et je vais mieux encore depuis que je sais que, vous et le petit Madrien, vous vous portez bien. Cela a été une de mes grandes inquiétudes depuis mon départ, Dame Ayena.

Il lui sourit doucement. Elle n’était pas le bureau des pleurs. Il ne voulait pas l’ennuyer avec les douloureux souvenirs de la famine et de la maladie au siège d’Angers, la perte de sa main gauche dans les combats en ville et laissé pour mort sur le pavé angevin, l’isolement pendant plus d’un mois et demi dans une ville hostile et les fatigues d’un long voyage de retour en passant par la Bourgogne pour rejoindre les armées royales. Tout ceci lui appartenait. Il le subissait parce qu’il avait choisi cette vie. La jeune femme, face à lui, avait sans nul doute ses propres préoccupations et sa vie n’était sans doute pas plus facile. Peut-être même plus compliquée, pensa-t-il ? Il s’était promis de veiller sur elle et son enfant en mémoire d’Adrien, pas l’inverse. Toutefois ne voulant pas paraître trop brutal, il développa un peu en passant sous silence les détails macabres.

Au siège d’Angers, comme je vous l’avais écrit, une épidémie de dysenterie, je pense, a cloué aux palliasses les combattants des 2 camps. Bien peu s’en sont réchappés. Des armées de loqueteux.

Un sourire celui qu’on se permet en repensant à une situation terrible mais laissée derrière soi. Un petit silence. Il reprend.

Je suis resté à Angers près de 2 mois. Après je suis parti pour la Bourgogne rejoindre le reste de l’armée qui était sur place pour combattre les traîtres Bourguignons. J’ai, d’ailleurs à Cosne, trouvé un artisan fabricant des objets originaux. Je n’avais que quelques pièces sur moi. Je me suis permis d’en acheter un. Avec votre autorisation, je souhaiterai l’offrir à Madrien.

Il déballa difficilement d’une main le paquet, ou il avait enveloppé l’objet pour le protéger durant le voyage. Il en sortit une poupée de tissus représentant un chevalier en armure avec de nombreux détails tissés dessus pour la faire ressembler à un véritable chevalier en miniature. Il avait trouvé cela amusant et avait de suite pensé au jeune fils de sa suzeraine.

Certes j’imagine que cela est peu de chose et n'a pas la facture des présents qu’il a déjà reçu sans doute. Mais cela m’a donné une bonne raison pour rentrer.

Il ponctua d’un sourire qui se voulait détendu comme après un bon mot, mais à double sens pour ceux qui le connaissait, en tendant le cadeau à Ayena.
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Message par Ayena Jeu 27 Juin 2013 - 15:02

Ayena se fit la réflexion qu'il parlait un peu comme un mari ayant bravé les dangers dans le seul espoir de revoir un jour femme et enfant. Elle évita un moment son regard, faisant semblant à son tour de se perdre dans la contemplation de son fils, ce qui paraissait fort naturel pour une jeune mère. Elle ne dit trop rien quand il lui rappela la dysenterie tout en pouvant s’empêcher de penser que tout homme qui se liait à elle d'une façon ou d'une autre frôlait sans cesse les périls ou jouait plus ou moins inconsciemment avec la mort : son père mort de maladie, son premier mari mort éviscéré à la chasse, son suzerain devenu père adoptif dont la folie s'était éprise, son dernier époux tombé d'une falaise,... Et son vassal qui allait tutoyer la mort pour le service du Royaume de France. Pauvre Madrien, où était-il né ?

Elle fut sortie de sa rêverie lorsque Fool conta une anecdote et se mut pour faire émerger le paquet aperçu plus tôt. Ayena fronça les sourcils en remarquant qu'il n'usait que d'un bras pour déballer la poupée mais remisa cela à plus tard. Pour le moment, elle observait avec ravissement le petit chevalier de chiffon.


- Oh, il est superbe !

La Baronessa fut alors embarquée par une émotions incontrôlable et quelques larmes emplirent ses yeux. Elle était émue qu'il ait pensé au petit, réalisant soudain que personne ne lui avait jamais rien offert depuis sa naissance. Elle seule avait procuré amour et tendresse, caresses et chansons à cet enfant à demi orphelin.
C'est la gorge serrée qu'elle acquiesça avant d'ajouter :


- Détrompez-vous. Il n'a jamais rien reçu d'aussi beau.

Et après un moment, elle revint sur la dernière phrase de Fool :

- Et j'espère pourtant qu'il y avait d'autres bonnes raisons de rentrer.

Mais que voulait dire Ayena par là ? Ha... Si seulement elle même avait su... Le problème des sous entendu ou des double sens, c’était que parfois celui qui en était à l'origine ne saisissait même pas toute leurs portées... Ne voulant pas qu'une gêne s'installe, elle se racla la gorge pour couper court aux effusions. Vite, vite, un autre sujet.

- Vous êtes rentré seul depuis la Bourgogne ?
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Message par Fool.deboishardy Jeu 27 Juin 2013 - 20:05

Fool fut ému par la réaction d’Ayena devant le cadeau pour Madrien. Le début de larmes qu’il crut percevoir au coin des yeux de son interlocutrice, la voix tremblante. Certes il ne s’attendait pas à ce que ce petit homme ne reçoive aucun cadeau. Il eut été au comble du bonheur si cela ne signifiait pas que le petit Madrien n’avait pas l’entourage qu’il méritait et qu’Ayena était si seule. Il y avait là sujet à réflexion.

Et j'espère pourtant qu'il y avait d'autres bonnes raisons de rentrer.

Le soldat n’avait pas une grande expérience de la subtilité de la gente féminine, il prit donc la question sur le coup comme elle venait. Revenir estropié et loqueteux, bravant brigands et ennemis du royaume et puis… En fait cela tenait en fait du miracle s’il se tenait dans cette pièce à cet instant. Mais à la réflexion pourquoi cette question ? cela avait du sens de la part de sa suzeraine à son vassal. Mais de la part d’Ayena à Fool…

Vous êtes rentré seul depuis la Bourgogne ?

Le sujet avait changé avant que l’écuyer ne s’interroge plus avant. Comme un enfant efface un dessin fait dans le sable et qu’il veut cacher.

Non. Braver les chemins seul relèverait d’une pure follerie. Fort heureusement, j’ai 3 frères et sœurs de l’ordre qui sont languedociens aussi avec qui je m’arrange le plus souvent à faire les allers et retours vers le Nord. Quand cela est possible.

Il se tus et repris un instant après.

Il y a parmi eux un ami d’Adrien, le chevalier Julios. Je crois qu’ils se sont rencontrés à l’Ost. Mais le chevalier s’était retiré de la vie publique en quittant l’Ost, et je pense qu’ils se sont perdus de vu après. Vous le connaissez ?

Fool savait qu’il risquait de soulever des souvenirs douloureux à la jeune femme, mais il pensait qu’il lui devait de transmettre ce qu’il savait de son glorieux époux à cette jeune mariée trop vite veuve.

Mais vous Dame Ayena, contez ce qu’il en est pour vous. Vos missives, en particulier la dernière, m’ont pour le moins estomaqué. Quel est ce neveu d’Adrien dont vous m’avez parlé ?

Le licorneux pris un ton soucieux, convaincu qu’il fallait tirer cette affaire au clair. Il avait peur que quelque malandrin tente de profiter de la faiblesse d’un jeune veuve et mère. Après tout il avait fait le serment à la Licorne de protéger la veuve et l’orphelin. Il était doublement, voir triplement, dans son rôle.
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Message par Ayena Lun 1 Juil 2013 - 14:51

- Non, je ne connais point de Julios. Je crois qu'Adrien n'aura pas eu le temps de m'en parler.

Un voile sur sur visage, comme l'ombre du veuvage. Elle cligne des yeux, baisse la tête, se reprend rapidement : c'est ça où lâcher prise. Et on se sent trop faible lorsque l'on ne maitrise pas ses émotions. Ayena se reconstruit et cela passe par un contrôle d'elle même.
Elle rate les mots suivants de Fool et ne réussit qu'à attraper au vol que l'on parle d'un neveu.


- Ha oui ! Savian !

Elle avale sa salive, le temps de trouver qu'en dire.

- Il a débarqué un jour, sans prévenir. J'ai tout de suite su qu'il ne mentait pas... Et vous le verrez vous même quand vous le rencontrerez. Il est le portrait craché d'Adrien. En plus jeune, en un peu plus naif, en moins sûr de lui... Mais c'est qu'il n'a pas encore l'expérience qu'avait Adrien.

Ayena retient un soupire et poursuit.

- C'est vraiment un bon garçon. Il a déjà fait partie du conseil comtal, a investi le CLE... Je crois qu'il déborde d'énergie. Et les doutes qu'il avait lorsqu'il est arrivé quand à son identité commence à le laisser en paix, je crois.

Madrien, dans son sommeil, s'agita. La mère louve se redressa pour vérifier que tout allait bien.

- Il se conduit très respectablement avec moi et le petit. Il dit vouloir nous aider. Comme si... Un peu comme s'il voulait racheter toute son absence, ou je ne sais quoi...

Elle se mordit la lèvre inférieure et posa de nouveau son regard sur Fool, comme pour quêter un avis, un conseil.

- Fool, je pense que je vais faire de lui mon vassal, tout en même temps que je vous remettrai officiellement votre seigneurie, dans un futur proche.

Comment réagirait le vassal en chef ? Celui, qui, le premier avait promis fidélité à Ayena ?

- ... Si vous n'y voyez pas d'inconvénient.

Et la chose était à réfléchir : avec deux vassaux, les rangs ayeniens serait plein puisqu'elle avait perdu le viscomtat...
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Message par Fool.deboishardy Lun 1 Juil 2013 - 19:54

Fool fut contrarié. Il avait visiblement mal jaugé ce que pouvait encore ressentir Ayena au sujet d’Adrien. Il savait que cela eut été encore douloureux mais avait-il surestimé la force de sa suzeraine ? Le deuil et l’acceptation avaient-ils pris fin ? Il faudrait qu’il y revienne discrètement, mais comment ? S’il employait son tact habituel de soldat autant sonner l’olifant. Il devait y réfléchir. Il attendit qu’Ayena termine.

Hum, tout d’abord… Pensif.

Ayena, je fais confiance à votre jugement. Et si ce Savian est déjà investi dans le CLE et le Comté, c’est que sans doute il a bien quelques gènes commune avec Adrien.

Une courte de réflexion plus tard.

J’avoue que je ne serai totalement rassuré que lorsque que je l’aurai rencontré. Mais pour le moment laissons ce sujet de côté. L’important est que vous ayez confiance en lui. Je ne suis pas là pour vous soumettre à la question.

Un sourire franc éclaira son visage, accompagné d’un léger rire. À quelle sorte de rictus devait ressembler le mélange des cicatrices et du sourire ?

Quant à votre second propos concernant vos vassaux et vos terres. Je ne vois pas de quel droit je m’y opposerai. Ce sont vos possessions. Vous en disposez selon vos bons désirs, Baronne.

Fool avait volontairement appuyé sur le titre. Cela, sans doute, ne plairait pas à Ayena. Malgré tout il était extrêmement flatté qu’Ayena lui demande son accord. Il ne pouvait dire pourquoi, mais c’était ainsi. Pour autant il ne devait pas en profiter. Il lui devait d'honnêtes conseils et son appui comme « vassal » ainsi que comme ami.

Il est bon d’avoir de la famille près de soi sur laquelle compter. Et j’imagine que vous en manquez cruellement. Ce Savian est celle que vous avez de plus proche, à ce jour.

Il ajouta pour adoucir un peu les choses.

Si ce personnage est autant de confiance que vous me laissez entendre alors je serai rassuré que quelqu’un veille sur vous  alors que mes obligations licorneuses me tiennent loin de vous…

Silence. La discussion de sa vassalité avait déjà eut lieu il bien longtemps. Mais il se devait de la reposer à la jeune femme qui avait eut le loisir de s’apercevoir des limites d’avoir un licorneux à son service. Il se lança.

Je vous serai dévoué à jamais, vous le savez, Ayena… Comme je serai dévoué au fils d’Adrien. Je suis qu’un simple soldat. Et je prends cela comme un honneur que vous m’accordez votre confiance au point de me vouloir comme « vassal ». Je le suis d’avantage à me voir considérer comme votre ami. Je ne veux pas remettre en cause mon engagement à vos cotés. Toutefois si l’envie ou le besoin vous prends d’attribuer un fief à une autre personne de confiance que moi, je ne vous en tiendrai nullement rigueur. Du moment que vous conservez un part d'amitié à mon égard. Je comprends que mes longues absences ne font pas de moi un vassal d’intérêt…

Il marqua un temps d’arrêt.

Et vous avez nullement besoin d'un fief pour m’attacher à vous.

Ses yeux étaient braqués dans ceux d’Ayena. Il avait versé sa diatribe du fonds du coeur. Ses paroles avaient dépassées ses intentions. Prenant conscience qu’il frisait l’indécence, il détourna rapidement le regard vers Madrien.
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Message par Ayena Mar 2 Juil 2013 - 7:57

Elle écouta avec attention le licorneux : elle ne lui demandait pas cela innocemment. rien n'était jamais innocent. Elle voulait un conseil, elle voulait tâter le terrain : comment partageait-il l'attention à porter à Ayena ? N'y aurait-il aucune jalousie ?

- En effet. Savian fait partie de ma famille. Je crois que c'est surtout à ce titre que je veux l'ennoblir.

Il fallait comprendre que la seule attache à la famille Desage qui restait à Ayena était ce neveu apparu miraculeusement. Liloïe était source de ressentiment et de rancœur chez Ayena qui ne lui pardonnait pas de lui avoir ôté Sant Remezy sans même prendre contact avec sa belle mère. C'était de la lachetée. Surtout si l'on considérait qu'elle n'avait jamais posé les pieds à la Tour de Gaud alors que l'artésienne y avait passé son année de deuil, s'attachant au domaine, aux gens.
Restait la famille du côté Talleyrand, mais de ce côté c'était le calme plat : le père d'Ayena était claquemuré dans un monastère suite à une crise de folie, sa mère jouait au fantôme. De ses soeurs, seule Carlotta avait gardé contact. C'était un bilan bien triste et bien décourageant et si Ayena continuait à arborer fièrement le nom de sa famille adoptive, c'était uniquement pour ne pas se retrouver orpheline à nouveau. Les abandons, elle n'en pouvait plus.
Alors oui, Savian, qui lui était dévoué et accessible, méritait bien un peu de l'héritage laissé par Adrien... Puisque jamais la cheffe de la famille, la fille du hibou, ne ferai ce qui aurait pourtant été de son devoir. Ayena, la sauveuse... Ou comment se persuader qu'on est encore utile à quelqu'un.


- Fool, vous allez me vexer. Je ne "veux" pas de veux comme vassal... Vous l'êtes déjà. Ne vous manque plus qu'une seigneurie pour officialiser la chose, mais dans mon coeur, dans mes papiers et pour nos gens, vous êtes déjà vassal. Je vous ai fait faire un nouveau bouclier lorsque vous m'aviez dit avoir perdu le votre, il vous attend chez mon maitre d'armes. De même qu'un cheval, à l'écurie. Et vous savez qu'en cas de besoin, je vous offrirai le nécessaire.

Comme l'homme ne profitait point encore de l'usufruit d'un fief elle considérait qu'elle lui devait un équipement en bonne et due forme.
Et puis, qui aurait-elle pris comme vassal sinon ? Aucun autre ne lui avait témoigné autant d'amitié depuis la perte du Hibou. Personne ne s'était montré aussi disponible... Et la raison en était simple : Ayena n'avait point d'amis, car ils étaient ceux d'Adrien, pas les siens.

Mais, notamment avec sa dernière phrase, Fool avait jeté un doute dans l'esprit de la Baronne : était-il en train de tenter de la convaincre que c'était lui qui ne voulait point de ce fief ? Qu'il était, quoi qu'il en soit, déjà attaché à Ayena ? Par la simple amitié ? Mais cet homme était-il une exception pour faire de l'amitié un dévouement à toutes épreuves ? Ha ! Il avait en tout cas le don d’insuffler à Ayena de multiples questionnements.

C'est ce moment que choisit le valet pour entrer dans la pièce amener l'en-cas demandé avant même l'arrivée de Fool. Il posa du pain et des rillettes sur une tables adjacente avec un pichet de vin et deux coupes en argent. Cette irruption soulagea étrangement Ayena qui se dit qu'elle échappait grâce à cette distraction à une réponse qu'elle n'aurait pas murement réfléchi.


- Ha ! Vous devez avoir faim. Allez-y. Les rillettes sont fraiches de la semaines passées. Quand au vin, ce sont les dernières gouttes de ce que j'ai ramené de Sant Remezy avant d'y être... délicatement fichue à la porte.

Elle pris la coupe la plus proche et la tendit à Fool...
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Message par Fool.deboishardy Mar 2 Juil 2013 - 11:38

Ainsi Ayena lui avait préparé un nouveau bouclier et un cheval. Fool était partagé. A la fois il lui en était fort reconnaissant, mais sa fierté de soldat criait au crime au fonds de son âme occitane. Il connaissait le prix de tout ceci et il allait protester. Il n’était point là pour quémander. Alors qu’il ouvrait la bouche pour objecter, le valet entra. Fool referma la bouche sans qu’aucun son n’en soit sorti, remisant à plus tard ses paroles. Il regarda le pain et les rillettes avec envie. Il n’avait rien mangé depuis le matin.

Ayena lui présenta une coupe de vin. Fool tendit la main dextre pour l’attraper.

Mille Merci, A…

Mais sentant les doigts délicats d’Ayena sous les siens, il se senti troublé et assura mal sa prise. Il senti la coupe choir quand la jeune femme la libéra. Par pur réflexe, Fool mut sa senestre pour tenter de rattraper la coupe. Pendant quelques instants, il avait oublié qu’elle n’était plus ; car sinon l’idée d’un bouclier neuf lui aurait paru incongrue. Le moignon trop court vint balayer l’air sans résultat. La coupe frappa le sol et éclaboussa de vin alentour.

Mordious ! Jura l’écuyer.

Son regarda alla de la tâche de vin, au bas de la robe d’Ayena souillé, puis à son extrémité amputée et enfin au visage de la jeune femme. Il était contrit. Quelle image donnait-il? Vieux, fatigué, couturé, maladroit et enfin handicapé. La belle affaire.

Milles excuses, je suis sincèrement confus pour mon absolu maladresse, Baronne, pardonnez-moi…

Aussi vite qu’il le put il escamota son bras senestre sous la cape grise. Puis il se baissa pour ramasser la coupe, soulagé d’avoir une excuse pour ne pas supporter le regard de la jeune femme. Vite partir, ne jamais revenir. Le revers de la médaille de sa trop grande fierté était qu’une fois prise en défaut, il n’était plus que honte et confusion.

Je vous ais que trop importunée, Dame Ayena. Je vous prie de bien vouloir m’autoriser à prendre congés.
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Message par Ayena Jeu 11 Juil 2013 - 12:07

Et là, c'est le drame.

Tout se déroula très vite. Tant et si bien qu'Ayena resta bouche bée, complètement pétrifiée. Ce bout de bras, ce geste pour cacher le moignon, la honte de son vassal... C'est la honte qu'elle sentie transpirer de Fool qui lui donna les larmes aux yeux. Des larmes de pitié. Un homme vaillant qui perdait son bras alors qu'il était soldat, qu'il vivait des armes, c'était une tragédie.
Aussitôt, elle se fustigea : qu'une femme s’apitoie sur le sort d'un mâle en pleine force de l'âge risquait de créer chez lui un sentiment d'humiliation irréversible.

Il s'apprêtait à partir. Elle s'apprêtait à le perdre.


- Non.

Car la pitié d'Ayena ne prenait pas sa source dans le dégout de ce bout de chair manquant : elle était médecin, elle avait vu d'autres horreurs. Ce qui la mortifiait, c'était de savoir son vassal, son ami, amputé. Or un homme estropié se sentait diminué. Elle le savait. Plus que cela, elle le sentait.

- Non. Restez.

C'était un ordre. La voix, fluette auparavant, c'était faite dure. Si Fool n'avait pas la force d'assumer, elle le ferait pour lui. Elle avait assez de caractère pour cela. Elle le giflerait s'il fallait. Il devait être fort. Elle avait besoin d'un homme fort...

- Resservez-vous du vin.

Ne pas rester sur un échec. Remonter en selle. Lui montrer qu'elle n'a cure de ces maladresses, de cette main manquante.


- Et racontez-moi.

Elle avala sa salive et tourna la tête vers Madrien pour laisser le temps à Fool de comprendre où elle voulait en venir. Et pour qu'il puisse ramasser la coupe sans qu'elle ait ses yeux bleus posés sur lui. Mais, craignant que sa sévérité ne fasse peur à son invité, Ayena ajouta sur un ton presque suppliant :

- S'il-vous plait...
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Message par Fool.deboishardy Ven 12 Juil 2013 - 23:31

Non

Non ? que voulait dire ce non ? Persuadé de son horreur, Fool ne se rendait compte nullement de l’évidence. Il se redressa s’apprêtant à quitter la pièce.

Non. Restez

La transformation de l’intonation laissa interdit l’écuyer. Il savait Ayena capable de faire montre d’autorité… Mais quel intérêt dans cette circonstance ? allait-elle le congédier sans lui laisser le temps de disparaître de lui-même ?

Resservez-vous du vin

De nouveau Fool marqua une pause. Cela ne collait pas. Quelque chose ne correspondait pas avec ce qu’il attendait : Quel intérêt à rester, lui le soldat amputé avec cette jeune femme, belle, riche et puissante ?

Et racontez-moi.

Un flash-back sur cette instant fugace : Une parade, le bouclier arraché, riposte, esquive… un flot de sang surgit dans son champs de vision. Ce n’est pas à son adversaire, il n’a pas encore porté son coup… un moment d’incompréhension, il a portant esquivé le coup dirigé vers son ventre, et puis cette douleur qui remonte de son senestre, le regard qui se baisse… le sang qui s’écoule par saccade, la main… sa main pendante à un lambeau de chair et de peau… cette dernière douleur de l‘épée lui traversant le corps… et enfin le noir.
Un frisson lui courra sur l’échine. Il revenait de loin. D’autres n’avaient pas eu cette chance.


S'il-vous plait...

La coupe serrée dans la main, Fool s’apprêtait à sortir de la salle. Le ton suppliant d’Ayena et ces trois petits mots suffire à lui faire baisser les épaules et lui ouvrir les yeux sur sa réaction d’idiot. Fuir ne lui rendra pas sa main, fuir n’arrangerait rien et ne ferait que l’éloigner des gens dont il tenait. Était-ce cela que faisait un soldat ou un licorneux ? non, il n’avait jamais fuit au combat. Premier à la mêlée, dans le chaos et le choc des épées… Ce n’était pas la première fois qu’il était blessé. Son corps entier pouvait témoigner des nombreuses batailles et blessures subies. Mais c’était la première fois que la perte était irrémédiable d’autant que c’était son seul talent, le combat, qui se trouvait remis en cause.

Il regarda le petit Madrien, étrangement calme dans son berceau, sentait-il la tension du moment ou avait-il simplement été surpris par le bruit de la coupe au sol. Il osa un regard vers Ayena. Que pouvait-il refuser à cette femme ?


Je vous prie de bien vouloir m’excuser, Dame Ayena. Ma maladresse et… enfin… enfin de tout point de vue. Je ne veux pas vous incommoder ou vous ennuyer. Que ferait un vieil infirme parmi vos gens ?

Avait-il à peine fini sa phrase qu’il se rendit compte de sa sottise extrême et de son égoïsme aveugle. Elle-même était infirme. L’avait-il déjà perçue comme une infirme inutile. Non ! A peine en avait-il conscience de cette infirmité. Ce n’était pas cela qu’il retenait de cette femme. Alors pourquoi cette femme intelligente réagirait différemment avec lui? Le rouge lui monta aux joues.

Je suis désolé, Ayena. Je ne voulais point dire cela. Je suis sincèrement confus. Mon égoïsme et la colère m’aveuglent. J’ai bien du mal à accepter ma nouvelle situation. Cela me cache ce qu’endure ceux qui m’entoure…
…Vous espériez retrouver un ami et vous voilà avec un idiot. Me le pardonnerez-vous ?


Votre amitié et votre estime me sont précieuses. Si les premiers temps je vous ai suivi en mémoire d’Adrien. Aujourd’hui, à vous connaître, c’est parce que j’ai la plus haute estime pour la femme d’exception que vous êtes.

Il esquissa un léger sourire.

Mais si vous tenez tant que cela à ce que cet idiot vous conte ses déboires militaires pour se faire pardonner ?

Un léger sourire. Le soldat retrouvait progressivement la maîtrise de soi. On pouvait être brave à la bataille et céder à la panique dans une situation bien moins risquée de prime abord. Et pourtant l’enjeu était bel et bien capital aux yeux de Fool en cet instant. Cela n’était ni plus ni moins que l’amitié, l’estime et la confiance d’Ayena qui était en jeu. Un coup d'épée sur le champs lui aurait fait moins de mal qu'un désaveu de sa part.
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Message par Ayena Dim 14 Juil 2013 - 11:28

Infirme. Le mot était lancé et avait l'acidité de la bile. Mais Ayena, elle, avait appris à vivre avec. Car si elle était encore bien jeune, la Boiteuse avait aussi vécu tellement de choses que parfois elle supportait le poids de plusieurs autres dizaines d'années sur ses frêles épaules. Elle était jeune. Mais elle n'était pas dépourvue d'expérience. Une sorte de paradoxe temporel à elle toute seule.

- Il faut parfois parler pour exorciser ses terreurs. Après une confession, on se sent souvent plus léger.

Elle le regarda sourire, s'attendrissant. Les hommes fort étaient attachants. Les hommes fragiles l'étaient d'autant plus.
Et puis, les mots vinrent sur ses lèvres. Il allait lui parler, se confier. Mettre en mot ce qui sans doute lui causait des terreurs, de terribles émotions. Cela allait être difficile. Il n'avait pas à le faire seule. Et pour qu'il comprenne qu'elle le soutenait, dans cette épreuve -comme il l'avait soutenue pour son deuil-, c'est elle qui commença. Il devait savoir. Pour vivre mieux la perte de sa main, il devait savoir comment Ayena avait perdu sa jambe. Et le reste.


- Ce n'est pas de naissance, vous savez.

Elle tapota sa jambe.

- La douleur est de plus en plus importante avec le temps. C'est la jambe, la hanche.

Elle parlait comme une vieille.

- J'étais Artésienne, à l'époque. Une moins que rien. Une fuyarde.

Elle avala difficilement sa salive, honteuse. Personne ne savait cela. Adrien avait su. C'était le seul. Même son père adoptif, sa mère,... Personne ne savait.

- Je fuyais un poste d'intendante d'un domaine. Où je venais de donner vie à une petite fille. Drosille, je l'avais appelée.

Son regard c'était fait lointain, perdu. Elle ne regardait rien, noyée dans le brouillard des souvenirs.

- Elle était morte quelques heures après sa venue au monde.

La gorge serrée et douloureuse, Ayena pris le temps de respirer pour faire chasser des larmes qui ne servirait à rien d'autres qu'à verser du sel sur des plaies qui ne cicatriseraient jamais.

- J'étais une anonyme. J'étais venue me réfugier en Artois après avoir fui un premier mariage. Mon mari venait de mourir à la chasse. J'ai sauté sur l'occasion. Je ne voulais point rester aux mains de ma belle famille qui m'aurait gardé pour mettre au monde l'enfant que j'attendais, espérant en voir un héritier.

La Baronne, redevenue cette jeune fille qu'elle était alors, avait fermé les yeux.

- Il me battait. Il avait tué mon premier enfant, à l'intérieur de moi. Il était né déjà mort. A cause de cette brute.

Sa voix était un chuchotement. Une confession.

- Ainsi, mon deuxième enfant était mort, et je voulais fuir l'Artois pour oublier. J'avais 15 ans. Cela fait donc 3 ans.

Seulement... Déjà.

- J'étais bête. Je suis partie avec un baluchon sur l'épaule. J'ai été interceptée à la frontière. Les normands, en armée, gardaient leurs frontières. Les soldats devaient s'ennuyer. Ils m'ont... Massacrée. J'ai reçu trois coups d'épée.

Elle désigna le haut de sa cuisse droite.

- Là.

Le bas de son ventre.

- Là.

Sa taille, du côté droit.

- Là.

Elle avait rouvert les yeux et vérifia que Fool était toujours là avant de croiser ses mains sur son bidon. Comme un pansement.

- Mais une guérisseuse avait pris pour habitude de faire le tour des frontières pour ramasser les victimes des normands. Elle m'a trouvée. Elle m'a raccommodée. Je suis restée convalescente presque deux gros mois. J'ai reçu l’extrême onction. Et puis, je suis revenue à moi. Je ne sais plus comment, ni pourquoi. J'ai recommencé à marcher. Et j'ai pris peur au voyage, alors je suis restée en Artois. Où je me suis mise au service de la famille Talleyrand. Charles fit de moi sa vassale. Et plus tard, sa fille. Et j'ai rencontré Adrien. Et j'ai enfin quitté l'Artois. Un mal, pour un bien.

Ou plusieurs maux pour de rares biens. Mais Ayena devenait philosophe. Tant de malheurs en si peu de temps, ça forgeait une âme.

- C'est mon histoire.

Elle resta silencieuse, humant l'air, vérifiant qu'elle était en vie.

- Je n'ai plus de secrets pour vous. S'il vous plait, Fool, n'en ayez pas pour moi. Donnez-moi votre mal, que je vous aide à le porter.
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Message par Fool.deboishardy Lun 15 Juil 2013 - 11:52

Fool s’était de nouveau assit et écouta avec attention l’histoire de sa suzeraine. Des grimaces de désapprobations marquèrent légèrement son visage à l’évocation de la perte de ses enfants, de la brutalité de son époux et la sauvagerie des soldats normands. Il savait que les dommages collatéraux arrivaient à la guerre. Il désapprouvait ces chefs d’armées qui ne savaient pas tenir leur troupe. C’était les civils qui trinquaient. Mais quand c’était des proches qui en subissaient les conséquences son détachement de soldat vis-à-vis de sa mort ou celle des autres n’était plus aussi net. Quant aux maris assez lâches, il n'y avait malheureusement aucun général pour les tenir. Il comprenait mieux cette impression d’expérience dans un corps de jeune fille. Elle avait eu un apprentissage de la vie avec les plus mauvais côté de l’humanité.

Je vous remercie de la confiance que vous me faite, Ayena, en me livrant ces douloureux moments.

Une autre reconnaissance pouvait se lire dans ses yeux. Il ne pouvait l’exprimer autrement. Il était, malgré cela, troublé. Etait-il sain qu’ainsi, un vassal et sa suzeraine s’échangent leurs histoires secrètes ? Pour des amis cela pouvait. Mais leur relation dépassait ce cadre. Il écarta cette idée. Ayena lui offrait une chance d’exorciser ses démons devait-il en profiter ?

Des blessures j’en ai reçu plus que ma part : A la guerre, aux entrainements. De nombreuses fois, la mort m’a sourie comme elle l’a fait avec vous en ce funeste jour que vous venez de me conter. A la différence que j’ai choisi cette vie-là et point vous. Je ne me considère pas comme un héros, mais comme un simple serviteur de l’ordre et de la justice. C’est cela qui m’a poussé vers l’ost du Languedoc, c’est encore cela qui me l’a fait quitter pour le retrouver à la Licorne. Mais la perte de ma main m’a fait prendre conscience que pire que mourir, je pourrai me retrouver sans pouvoir défendre mes convictions. Je suis un soldat. J’ai bâti un semblant de vie dessus. Je n’ai pas d’érudition, pas de famille… en fait pas d’autres chemins. Le jour où je ne pourrai plus soulever l’épée, je serai une coquille vide. Cela me fait bien plus peur que la mort. Je pourrai envier ceux morts au champ d’honneur.

Il regarda son moignon qu’il avait posé sur l’accoudoir du fauteuil. Il ne devait plus en avoir honte. La présence d’Ayena lui avait permis d’extérioriser cette charge émotionnelle qu’il n’avait jamais formulée. Et pour cause, il n’en avait jamais eu pleinement conscience. Arrivé à une étape de sa vie, le bilan était peu glorieux.
En confiance il poussa plus avant son introspection.


Parfois je peux vous paraître protecteur à l’extrême, Ayena. Parfois à la déraison. Cela ne s’explique pas simplement par la disparition de notre regretté Adrien. J’ai connu il y a quelques années, alors que j’étais  soldat de Montpellier, une jeune femme belle, intelligente, pleine d’humour. Nous étions heureux ensembles. Nous n’avions, toutefois, pas de projet de mariage ou d’enfants. Je n’en voulais pas. Je savais que ma vie pouvait s’achever à tout instant. Je ne voulais pas laisser une veuve et un orphelin. Aujourd’hui je me dis que je me suis sans doute comporté comme un égoïste… Je suis parti en campagne pour la Licorne, plusieurs mois. A mon retour j’ai appris que ma compagne s’était éteinte dans un monastère pendant mon absence. Je m’en suis voulu de ne point être là quand elle a eu besoin de moi.

Il marqua une pause et caressa du bout des doigts, l’écharpe noire qu’il portait en permanence autour du cou, dernier souvenir de sa disparue. Sortant de sa rêverie fugace, il reprit.

Et puis est arrivé la proposition d’Adrien de rejoindre sa maisonnée. J’ai eu l’impression de retrouver un semblant de famille. Adrien a été mon mentor à l’ost. Et j’ai connu Liloïe toute petite fille. Je suis partis de nouveau en campagne, trop longtemps. Et Adrien disparaît alors que je devais veiller sur lui comme il était dans mon rôle… une nouvelle fois...

Silence.

Et vous apparaissez à votre tour. J’ai appris à vous considérer non comme une simple suzeraine mais comme une amie qui m’est très chère.

Une pensée de ce jour de la première rencontre lors des joutes, il rentrait à peine de campagne.

Alors forcément à chaque instant de mes absences militaires, je crains qu’il ne vous arrive quelques malheurs, à vous ou au petit Madrien. Il semble parfois que ma vie sera longue, contrairement à mes espoirs. Mais que ceux qui m’accompagnent doivent en payer le prix, à ma place…

Son regard bleu posé sur Ayena, il attendit sa réaction. Etait-il allé trop loin ? Elle avait demandé ses secrets de l’âme, il venait de les lui livrer. Etait-ce à cela qu’elle s’attendait ?
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Message par Ayena Mar 16 Juil 2013 - 10:07

Elle s'était toujours demandé si la vie amoureuse de Fool avait un jour connu un pic. La révélation la toucha. Ce confier ainsi pour une femme pouvait passer pour une révélation de faiblesse. Pour un homme, c'était un aveu de confiance, qu'Ayena pris en pleine poire. On ne réalise pas toujours au bon moment ce que l'on demande aux autres. Elle compris quel genre d'attachement il ressentait pour elle et Madrien : celui d'un soldat qui sans cesse a vu mourir ses proches et qui s'accable d'abandons successifs.

- Rien n'est votre faute, Fool. Votre douce était au couvent, sans doute bien entourée. Votre présence n'aurait rien changé. J'étais à Crussol lorsqu'Adrien a été porté disparu. Je n'ai rien pu faire. Vous n'auriez rien pu faire. Ne vous molestez pas... Pleurez les parce que vous les aimiez, et ils le savaient. Mais ne pleurez pas sur vous, votre faute...

C'était une des leçons apprises lors de ce dernier deuil. Reconnaitre que tous les malheurs du monde ne nous sont pas dus. Elle laissa un instant de silence pour que tout cela puisse être digéré par son vassal et repris ensuite la parole après avoir trempé ses lèvres dans la coupe de vin qui n'était point tombée au sol.

- J'ai pour projets de me remarier, Fool. Je ne sais encore avec qui, des pour-parler sont en cours avec plusieurs famille... Me mettre sous la coupe d'un époux vous ôtera d'un poids.

Elle pris une respiration, tant le sujet lui était douloureux.

- Seulement, cela impliquera sans doute de quitter le Lengadoc. Vous serez donc seul maitre ici...

Elle avala sa salive, guettant sa réaction suite à tout ce qu'il venait de lui dire. Comment prendrait-il le fait qu'elle parte ?

- Que... Qu'en pensez vous ?
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Message par Fool.deboishardy Mar 16 Juil 2013 - 21:14

Partir ? Quand ? Ou ?!!!

L’exclamation que poussa Fool était complètement involontaire. Il en fut aussi surpris que son interlocutrice. Le petit Madrien aurait été en âge de parler qu’il aurait été persuadé que c’était ce dernier qui avait prononcé ces trois mots.

Il garda un long silence. Il y a quelques instants il était prêt à tout entendre et à tout dire. Soudainement une douche froide l’inonde. Comment cela était-il possible ?A quoi s’attendait-il ?
En fait il réalisa que pour Ayena il ne serait jamais plus qu’un simple soldat, un protecteur, au mieux un vassal proche … Pouvait-il en être autrement ? Assurément non.


Sa physionomie changea comme son état d‘esprit. Inconsciemment, Fool adopta la seule attitude qui connaissait pour se préserver. Une facette qu’Ayena ne connaissait pas fit son entrée dans la salle : Le soldat du champ de bataille. C’était son bouclier émotionnel, qu’il s’était forgé à force de batailles, pour se protéger des atrocités et des pertes de la guerre. Toutes traces d’émotions disparurent de son visage, habituellement expressif. Seules les yeux devenaient deux billes bleues scrutatrices en alerte. Le contraste avec l’entité précédente était saisissant. C’est l’autorité de l’officier de garnison qui pris la parole.

Dame Ayena, vous n’êtes nullement un poids pour ma personne, pas plus que Madrien.

Il regarda vers le berceau.

Si je vous ai laissé entendre ceci par mes propos, je tiens à les éclaircir sur le champs.

Il revint vers Ayena.

Pas plus que j’ai le souhait, ni l’ambition d’être le maître ici pas plus qu’ailleurs. Si je me suis mis à votre service c’est pour être là pour vous servir et vous protéger uniquement.

Il continua sa tirade. Les mots qu’il s’apprêtait à prononcer lui firent penser aux paroles d’encouragements qu’il servait aux jeunes recrues à leurs premières batailles : Ne t’inquiètes pas, tout se passera bien. Fais comme à l’entraînement. Tu t’es entraîné pour ça. Des paroles qu’on prononçait sans vraiment y croire.

Si vos intérêts, et ceux de Madrien, vous incitent à vous remarier à une grande famille hors du Lengadoc, je ne peux qu’y souscrire.Vous savez pertinemment que je ne veux que votre bien et que je ne peux aller que dans le sens de vos intérêts. Donc si vous souhaitez que ma place soit icelieu j’y demeurerai alors.

Il  ajouta.

De plus je comprends que vous souhaitiez quitter le Lengadoc, J’imagine que vous vous sentez isolée dans cette contrée étrangère sans mari, sans ami.

Les yeux toujours posés sur sa suzeraine, Fool marqua une pause. Il hésita à jeter bas les masques et répondre comme un ami, comme Ayena l’attendait tout naturellement. Mais il s’était trop investi émotionnellement. Quelque chose le tracassait dans ses propres réactions. Une émotion sous-jacente affleurait sous la surface de sa conscience mais sans en sortir. Mais il pressentait que si elle en émergeait, rien de bon n’en découlerait. Il ne fallait pour ça qu’un moment d’inattention.

Il referma la bouche. Fool disparut de nouveau au profit du soldat.
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Message par Ayena Mer 17 Juil 2013 - 18:35

Eeeet voilà. Comment perdre l'attachement que vous porte votre vassal en une leçon : lui annoncer que vous quittez le territoire pour aller vers de meilleurs horizons.
En un clin d'oeil, l'homme qui était face à Ayena changea. Dans sa morphologie, sa façon de se tenir. Deux minutes avant, il était le confident, proche de la femme qui l'avait poussé à se confier. Là, une frontière venait d'être à nouveau érigée. Ayena compris qu'elle venait de faire une bourde monumentale. Mais en même temps n'avait t-elle tenté de préparer le terrain par le biais de ses lettres ? N'aurait-il du s'attendre à une telle annonce ?
Il faisait semblant. Il disait une chose et pensait une autre. La Baronne en était persuadée. Il la confortait dans ses projets pur ne pas montrer son mécontentement. Soit.


- Je n'ai pas ma place en Lengadoc. Et j'ai besoin d'un attache solide. Madrien ne pourra pas grandir sans père. Et une femme sans époux est comme une noix sans coquille : elle pourrit.

De cela, Ayena était persuadée. Et quiconque aurait pu tenter de lui prouver par a+b que ce qu'elle avançait était une ineptie, elle aurait secoué la tête, butée. Elle avait besoin d'un homme. Elle avait besoin d'un tuteur pour s'épanouir. Un vassal, c'était bien. Mais elle avait besoin de plus. De choses dont on ne peut se permettre entre suzerain et vassal.
La jeune femme déglutit en réalisant qu'ils venaient justement d'échanger un moment de confession intime. Elle en avait trop demandé à Fool. Il venait de subir ce qui n'aurait jamais du se passer. Le pauvre.


- Je ne vous oblige en rien à rester ici. Vous savez que je ne veux pas attacher de boulet à votre cheville. Si vous voulez me suivre, venez. Si vous voulez rester, restez.

Elle balaya tout cela de la main.

- Rien n'est précis de toutes façons pour le moment.

Si, un voyage. Mais s'il allait être définitif et sans billet de retour, elle ne le savait pas encore.
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Message par Fool.deboishardy Jeu 18 Juil 2013 - 20:12

Le licorneux avait conscience qu’il avait pris son masque de bataille et que forcément il ne présentait pas son meilleur jour à Ayena. Il s’en désolait intérieurement mais comment revenir en arrière. Elle attendait un confident, un ami, un conseil et le voilà qui s’était emmuré dans un rôle sordide. Toutefois il ne pouvait se réjouir de la décision ou de la volonté d’Ayena de se remarier et de quitter le Languedoc. Rien à faire ! il avait beau retourner le problème dans tous les sens : rien n’y faisait. Il trouvait l’idée mauvaise. Avec une certaine mauvaise foi mais de cela il ne s’en souciait guère.

une femme sans époux est comme une noix sans coquille : elle pourrit.

Ces propos évoquèrent une pensée à Fool, qu’il fut bien près de formuler à haute voix à Ayena : parce qu’une femme avec un époux qui la bat était forcément épanouie… Il fut sur le coup horrifié par la bassesse de la pensée. Cela eu été un coup bas sans équivoque vis-à-vis d’Ayena, un coup pour blesser une femme qui ne lui avait jamais voulut aucun mal. Il se félicita d’être dans son attitude actuelle suffisamment maître de son sang-froid et de n’avoir point parlé. Mais la fraction de seconde suivante il blêmit. Il connaissait maintenant le monstre qui se cachait au fond du lac… Il lui avait été révélé par un de ses rejetons, en fait le plus infâme : la jalousie… L’imaginer avec un autre homme.
Il n’écoutait plus Ayena. Il était tout à sa monstrueuse découverte, cette ignoble félonie, cette pure folie. Comment son âme avait-elle pus nourrir un tel dessein ? Qu’il eut assassiné le Roy en personne qu’il n’aurait pas été dans un pire émoi. Ayena ne devait se douter de rien. Elle le chasserait sur le champ. Qu’il songe à se faire aimer de la femme de son ami disparut. Avait-il perdu la raison à ce point ?
Il devait s’éloigner d’Ayena, chasser cette folie de son esprit.
Rassemblant toute sa force de persuasion. même si cela ne devait pas être très compliqué puisqu’elle souhaitait déjà quitter le Languedoc.


Baronne…

Oui se rappeler du monde qui les séparait. C’était cela qui fallait.

….Je comprends votre mal-être. Trop de mauvais souvenirs demeurent ici. Vous avez besoin de tourner la page. Je souhaite simplement que vous soyez prudente dans le choix de votre époux. Si la situation de la lignée est importante dans votre monde. Prenez bien garde à avoir un beau-père attentionné à l’égard de Madrien... Même si cette mise en garde est superflue.
Je sais à quel point vous avez à cœur le bien être de votre fils. Ne vous y sacrifiez pas sans raison.

Quant à ma place. Je resterai ici si votre besoin est sur ces terres.


Etait-il assez crédible dans cette mascarade ? Cela le désolait au plus haut point de devoir jouer cette comédie à Ayena. Mais la vérité eut été bien pire… Il fallait noyer le monstre !
Il reprit.


Si vous envisagez un voyage  dans le royaume, je vous incite fortement à ne pas prendre à la légère votre sécurité… et celle de Madrien. Les routes sont peu sûres. Les écorcheurs maraudent et les armées en bataille fort nombreuses en ces temps troublés. Soyez extrêment prudente. Prenez bonne escorte

Il ajouta malgré lui.

Si mon épée peut vous servir d’escorte, elle est à votre service comme au premier jour.

Juste le temps de s’assurer qu’elle et Madrien soient arrivés à bonne destination et il repartirait pour le Languedoc. C’était son rôle après tout, se persuada t il
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Message par Ayena Sam 20 Juil 2013 - 13:10

Elle ne su pas pourquoi. Mais elle se sentit blessée. Elle avait attendu quelque chose de Fool, quelque chose dont elle n'avait pas conscience. Un geste. Un mot. Un regard peut être. Ou plus.
Elle fut comme blessée, comme prise en faute, en flagrant délit d'infidélité. La gorge sèche, elle avala sa salive en baissant la tête, déçue de la façon dont réagissait son vassal, son dernier pilier ici. Cela avait un goût acide. Celui de la désillusion. Et puis, elle en eu assez. Elle se fâcha. Cela commença doucement lorsqu'il lui prodigua des conseils quant au choix de son futur époux. Cela s'amplifia lorsqu'il lui rappela qu'elle serait en danger sur les routes. Et enfin, cela éclata lorsqu'il proposa de l'escorter. L'escorter "seulement". Elle avait attendu plus.


- Si vous pensez que je vais me jeter dans la couche du premier venu simplement parce qu'il a un titre, vous vous fourvoyez. Je ne suis pas à vendre et je ne suis point pressée au point de manquer de discernement.

Mince alors. Avait-elle l'air aussi désespérée ? Bon... Sans doute. Mais il y avait une façon de le lui faire comprendre... Elle avait une fierté. Et pour le provoquer un peu elle fit même allusion aux relations intimes qu'imposaient le mariage alors que si elle cherchait union, c'était avant tout pour une protection, une sécurité. La cruelle vérité crue. Ca fait mal.
Vexée, elle poursuivit, la gorge serrée.


- Quant à ma sécurité, ma foy, je pense ne pas être assez simple d'esprit pour aller me "promener" en criant à tue tête que j'ai avec moi toutes mes richesses parce que je fuis un Comté qui ne me sied plus.

Elle lança un regard noir. Décidément, cette entrevue prenait une tournure imprévue, et pour cause : les deux énergumènes parlaient pour ne rien dire, taisant ce qu'ils pensaient, verbalisant des inepties, espérant que l'un ou l'autre dévoilerait quelque chose sur un je-ne-sais-quoi qu'ils ressentaient mais dont ils ne voulait pas faire état. La peur mènent les chiens à mordre. Mais en l’occurrence, c'étaient surtout les non-dits qui étaient en train de faire des ravages.


Dernière édition par Ayena le Dim 21 Juil 2013 - 13:22, édité 1 fois
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Message par Fool.deboishardy Dim 21 Juil 2013 - 7:23

Non ! Non ! Non ! Tout partait à vaux l’eau ! Le soldat perdait le contrôle de la situation!
Son âme l’incitait à un sentiment que sa conscience lui interdisait formellement. À force de mensonges, il s’enfermait. Et Ayena avait toutes les raisons de lui en vouloir.

Il se retrouvait dans une situation ingérable. Il y a quelques instants, il avait eu plaisir à retrouver Ayena et son fils ; et le voilà en quasi casus belli avec sa suzeraine. Il ne voyait pas comment arrêter cette descente aux enfers. Il ne pouvait point parler franchement à Ayena et lui avouer ce qu’il avait sur le cœur. Et sa langue de bois était aussi efficace qu’une épée en bois sur l’armure de plaque complète d’un chevalier. Il aurait dû s’en douter par ailleurs. Ayena était trop intelligente pour se laisser berner si facilement. Elle devait sans doute deviner que Fool ne lui parlait pas franchement, d’où sa réaction. Maudite intuition féminine!

Les paroles de la baronne, qui suivirent, cinglèrent Fool et lui insufflèrent de forts sentiments contradictoires.


me jeter dans la couche du premier venu

je pense ne pas être assez simple d'esprit

je fuis un Comté qui ne me sied plus

Il fallut toute sa maîtrise et son sang-froid  de combattant pour ne pas se lever et envoyer promener tout ceci, remonter sur Belenos et galoper sans s’arrêter jusqu’à Ryes. C’était peut-être la moins pire des solutions ? Il souffrirait. Il avait le sentiment qu’Ayena en souffrirait également.

Le regard noir qu’elle lui lança lui fit effet d’un coup d’épée. Ce qu’il redoutait le plus se déroulait sans qu’il sache comment l’arrêter, sans même qu’il l’ai voulut. Il perdait la confiance de la personne qui comptait le plus pour lui. S’il lui parlait, il l’a perdait. s’il lui ne parlait pas, il la perdait aussi.


Baronne… Il se reprit. Ayena…

Les mots ne lui venaient pas. Il fallait qu’il dise quelque chose mais il ne savait pas quoi.

Il regarda vers le berceau. Il se leva doucement et s’en approcha. Il admira le petit être innocent qui s’y tenait. Il le dévisageait de ses grands yeux.


Je…

Mentir ou dissimuler la vérité n’était pas digne d’un licorneux, ni de la voie de la chevalerie. Protéger la veuve et l’innocent c’était le sens de son serment. Les protéger de quoi quand le monstre était déjà dans les murs ? Il devait sauver le peu d’amour-propre qui lui restait. Et surtout protéger Ayena et Madrien de lui-même en étant honnête. Il savait que de toute façon il aurait été un mauvais vassal. Cela serait douloureux mais c’était le mieux qu’il avait à faire.

Dès le premier jour, j’ai souhaité vous servir. Vous m’avez fait l’honneur de me choisir comme ami. Je ne mérite pas cet honneur…

Il avait relevé les yeux du berceau et regardait calmement la jeune femme.

…Ayena, je comprends votre colère. Je ne me suis pas comporté comme un ami que vous étiez en droit d’attendre, ni même comme un vassal. Je ne suis pas digne de votre confiance. Vous avez trouvé le jeune Savian qui sera sans doute un vassal émérite.

Le moment le plus dur approchait. Il pouvait partir là, sur le champ. Mais Ayena ne comprendrait pas. Lâcheté! Il lui devait de l’honnêteté. Mais comment prendrait-elle le fait d’avoir pris dans sa maison une vipère ? Il devait lui faire comprendre qu’il ne l’avait pas fait sciemment et que cela s’était imposé malgré lui. Bien piètre stratégie de défense ironisa-t-il en son fort intérieur. Il ne méritait point tant de complaisance.

Ce que j’ai à vous avouer m’est très pénible. Et je n’ose imaginer votre réaction à mes aveux. Mais je ne peux vous tromper plus longtemps ; je vous admire et vous respecte ; c’est au-dessus de mes forces et bien loin de mes convictions de vous mentir.

… Dès notre première rencontre j’ai nourrit la seule envie de vous servir et de veiller à votre bien-être, cela en tout bien tout honneur. C’était l’hommage que je voulais rendre à Adrien. Cela m’a permis d’honorer la mémoire de mon ami. Mais au-delà, j’ai été réellement honoré de vous servir pour vous-même et bien sûr pour protéger les intérêts de Madrien. Malheureusement j’ai failli à ma mission ; à la voie que je m’étais tracée. Je m’aperçois que mes réactions ne sont plus celles d’un ami, ni même d’un vassal malgré tous mes souhaits appelés.


La baronne était là à le regarder interrogatrice, à se demander sans doute où il voulait en venir. Du courage, soldat, le dénouement est proche.

C’est avec horreur que je m’aperçois, malgré moi, que je nourris dorénavant à votre égard des sentiments bien trop forts et qui ne sont pas dignes de l’ami d’Adrien, ni même de la part de votre ami, et incompatibles avec le rôle d’un vassal. Mon âme, mon cœur m’ont entraîné en déraison, à la folie de vous aimer... d’amour…

Un silence. Un poids énorme pesait sur sa poitrine. Sa bouche était sèche. Toute trace d’humidité en avait disparu. Cela ne devait pas être différent en enfer. Fool ne parvenait pas, plus à déchiffrer le visage d’Ayena. L’eut-il su aurait-ce changer quelque chose ?

J’imagine votre dégoût à mon égard à cet instant. J’ai trahi votre confiance et celle d’Adrien. J’en suis bien conscient. Vous livrer la noirceur de mon âme m’en coûte car j’ai chéri plus que tout votre confiance.

Un court silence avant le coup de grâce. Fool avait baissé les yeux pour ne pas y lire dans ceux de son ex-suzeraine. Il avait trop peur d’y trouver le reflet de son propre dégoût.

Je ne vous demande pas de pardon car c’est une trahison au-delà du pardon…Je m’en vais. Je ne vous importunerai plus jamais. Vous n’entendrez plus jamais parler de moi. J’espère simplement que vous trouverez le bonheur et un vassal enfin digne de confiance. Adieux Ayena.

Il fit demi-tour et s’éloigna vers la porte. Ce qui devait être fait était fait. Les muscles de son visage étaient crispés à lui en faire mal. Toute sa volonté était tournée pour ne pas crier de douleur. Mais il saurait partir avec la dernière parcelle de dignité qui pourrait lui rester. Il espérait simplement que la baronne aurait la compassion de la lui laisser en cet instant.
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Message par Ayena Dim 21 Juil 2013 - 14:16

C'était au tour de Fool. Ayena se tut, attendant des excuses ou de plates paroles. Quelque chose pour rattraper le mauvais chemin que prenait l’échange. Mais ensuite elle se tut parce qu'il utilisait des mots qu'elle avait attendus. Et qu'elle redoutait en même temps. Des mots qui caressent... Mais qui donnent la chair de poule. Des mots de miel. Des mots acides.

Il dit des bêtises. Sur Savian par exemple. Le neveu n'était point le vassal idéal, il était juste de la famille. Et méritait un coup de main pour rattraper le retard accumulé. Il n'avait pas, comme Fool, été là à la mort d'Adrien pour dire les phrases qu'il faut. A la naissance de Madrien, au chevet d'Ayena. Présent au moment précis où Charles Madrien Desage Talleyrand acquérait son nom. Rassurant au moment où la Baronne avait quitté le deuil.
Savian était attachant parce qu'il ressemblait à Adrien. Et qu'Ayena avait aimé plus que tout son Adrien.

Ayena cessa de gamberger pour s'attacher aux lèvres de son vassal sans manquer un seul mot dès que le ton devint celui d'un homme qui souffrait d'avouer un penchant. Elle s'y attacha avec regrets, sachant que rien ni personne ne pourrait empêcher Fool de poursuivre. De se déclarer. Elle pâlit. Elle rougit. Parler d'amour. Seul Adrien lui avait un jour parlé d’amour. Mais avec une certaine pudeur. Toujours en retenue. Ils s'étaient aimés dans les regards, dans les gestes. Dans les faits. Ça avait été une évidence. Dès le début. Et ça l'était encore, mine de rien.
Fool avait toujours été attentif, présent. Depuis la mort d'Adrien, il avait été l'épaule sur laquelle Ayena avait pleuré. Il s'était nourrit de ces larmes, sans doute, pour faire grandir son attachement.

Il parla de d'horreur. De déraison. De dégoût. De noirceur d'âme. De trahison. Et d'Adieux, enfin.

Tout cela la meurtrit. S'il lui avait juste dit "je vous aime", elle aurait été choquée et se serait laissé bercer par l'idée. Mais il mêla l'amour à tant de d'inimitié qu'elle ne su à quel saint se vouer. Elle ne su si cette déclaration était bonne ou mauvaise. Elle ne su discerner en elle la façon de répondre à cet aveu sincère. Elle fut à la fois offensée qu'il n'assume pas ses sentiments, soulagée qu'il ne le fasse pas et frustrée qu'il ne vienne la supplier d'avouer à son tour ses penchants.

Elle ne pleura pas, tant l'émotion était forte. Plus tard, peut être. Dans la froideur de son lit, seule, encore, perdue dans la nuit. Mais là, elle voyait défiler les secondes au ralenti, extérieure. Les yeux de la jeune femme ne reflétaient rien d'autre que de l’incompréhension : il avait le visage crispé. De dégout, sans doute. Oui, sans doute. Elle n'était pas bonne à aimer.
Il s'approcha de la porte et elle ne bougea pas. Rattraper un homme qui l'aimait mais chez qui elle provoquait de l'horreur ?

Le visage de la Baronne était décomposé.

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Message par Fool.deboishardy Lun 22 Juil 2013 - 22:11

Il posa la main sur la poignée de la porte. Il hésita un instant.
Une nouvelle fois, il abandonnait ceux qu’il aimait. Est ce que sa seule attache, sa seule famille serait un ordre militaire ? était-il aussi seul que cela ? De toute évidence oui. Il n’avait pas été capable de garder une simple amitié avec une jeune femme qui ne demandait pourtant que cela.

Il réalisa que le silence d’Ayena faisait mal. Il se rendit compte qu’il aurait presque préféré une éventuelle fureur de sa part. Et comment interpréter son silence ?

En fait il avait agit et parlé que comme lui l’avait voulut. Ainsi qu’il s’était imaginé qu’un grand chevalier devait agir. La chose qui clochait c’est qu’il n’était ni chevalier ni instruit à ces choses. Etait-il égoïste à ce point d’avoir pris une décision seul, sans savoir ce qu’en pensait Ayena? Egoïsme ou lâcheté en fait ? il fuyait devant des sentiments qu’il ne connaissait plus. Lui le grand guerrier, fier combattant des mornes plaines, il fuyait pour un simple battement de cœur. A quoi cela l’avançait-il de s’auto flageller ainsi, à part se persuader qu’il était destiné à un sombre destin pour se refuser l’attachement de gens qu’il aime et se préserver de leur perte ?

Il s’était promis de veiller sur le fils d’Adrien et sur sa veuve. Allait-il se parjurer ? Mais pouvait-il aimer la femme d’un ami disparut. Cela lui paraissait inacceptable. Il se retrouvait piégé de ses sentiments et de ses principes rigides. Les uns et les autres s’opposant. S’il restait près d’Ayena, ses sentiments ne feraient que se fortifier au détriment de son devoir de mémoire de son ami. A contraire s’il partait là, il se parjurait et abandonnait une femme qu’il respectait et un enfant qui aurait sans doute besoin d’un protecteur… Ils n’avaient plus besoin de lui puisque Ayena lui avait annoncé son projet de quitter le Comté pour se marier. Oui dans ce cas il avait pris la bonne décision.

Il réalisa qu’il tenait encore la poignée de la porte. Il se tenait face à cette dernière. Combien de temps était-il resté ainsi?
Il déclencha la poignée et entrebâilla la porte. Il jeta un dernier regard vers ceux qu’il quittait pour toujours : le berceau où le petit Madrien reposait, et vers la belle et douce Ayena qui le regardait… Il ne décela nulle trace de fureur, nul mépris mais simplement une grande tristesse et un désarroi profond. Etait-ce le regard d’une personne qui considère un individu honni ? Il eut un doute dans ces belles certitudes.
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Message par Ayena Jeu 25 Juil 2013 - 19:10

Sans s'en rendre compte, elle avait serré les dents, se mordant l'intérieur des joues avec férocité : cela lui permettait de contrôler sa rage, son désespoir, son émotion. Comme quoi une simple contraction musculaire pouvait avoir du bon. Sinon, il y avait fort à parier qu'elle se serait levée et qu'elle aurait hurlé. Comme une louve qui rappelle son mâle parce que sans lui, la meute est en danger.

Qu'il sorte. Mon Dieu, qu'il sorte !
Mais non. Il lui tournait le dos et restait là, imposant sa présence et faisant de la sorte résonner tous les mots prononcés juste avant.
Qu'il sorte !
Mais non. Il était retenu là par une force, une tension. Quelque chose d'électrique qui menace de tout faire sauter. L'issue serait terrible.
Qu'il sorte !
Et puis, enfin il ouvre la porte. Le salut est proche, Ayena reprend une respiration, se rendant compte qu'elle est en apnée depuis trop longtemps.
Qu'il sorte !
Il se retourne. Il la regarde. Elle la regarde. Ils se questionnent du regard, évitant le verbe qui a fait tant de mal auparavant. Elle a la bouche sèche, elle ne parlera pas. Elle est têtue, blessée, rancunière. Elle ne parlera pas. Par contre, elle lui lance un regard de défi : ose lui dire encore qu'elle te dégoute et... Elle te saute à la gorge. Ose lui dire que tu n'assume pas tes sentiments et elle te fiche dehors. Oui, elle devient extrémiste. Mais il lui faudra réagir. Et comme elle ne sait ce qu'elle même éprouve, elle repoussera tout en bloc. A moins que. Mais il faudra jouer fin et les deux énergumènes ont peut être déjà trop abusés d'eux mêmes. Les prochaines secondes sont déterminantes pour les deux désespérés qui se font face.

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